MAISONS AUTREMENT les alternatives ?
L’écoconstruction ou construction durable est la création, la restauration, la rénovation ou la réhabilitation d’un bâtiment en lui permettant de respecter au mieux l’écologie à chaque étape de la construction, et plus tard, de son utilisation (chauffage, consommation d’énergie, rejet des divers flux : eau, déchets).
Une écoconstruction cherche à s’intégrer le plus respectueusement possible dans un milieu en utilisant au mieux des ressources peu transformées, locales, saines, et en favorisant les liens sociaux. Une écoconstruction vise à consommer peu d’énergie pour le chauffage et l’eau chaude. Sa conception bioclimatique et la composition de ses parois lui permettent de consommer le moins possible d’énergies d’appoint, optimisant les apports solaires, les déphasages et une ventilation bien dimensionnée.
Maison de hobbit
« Dans un trou vivait un Hobbit »… Ainsi commence la célèbre histoire de Bilbo le Hobbit narrée par Tolkien. Et si demain notre habitat ressemblait à celui de ces petits personnages ? Une maison enterrée et confortable qui s’intégrerait harmonieusement dans le paysage et vous mettrait à l’abri de tous les changements climatiques annoncés. Crises écologique, économique et énergétique obligent, la culture troglodyte fait son grand retour et l’habitat enterré ou semi-enterré pourrait émerger comme une tendance durable. Très discrètement, les maisons protégées par la terre font des émules ici et là. Et les projets fleurissent.
Finies les factures de chauffage
Cette idée d’habiter la terre n’est pas vraiment nouvelle. C’est à la fin des années 60 que l’architecte Malcolm Wells développe ce concept. D’après lui, toute construction provoque un traumatisme pour l’environnement et la maison idéale devait se fondre dans le paysage, consommer ses propres déchets, suivre le rythme de la nature, résister aux intempéries tout en étant belle. Tout un programme, encore loin de nos schémas actuels. « Nous vivons dans une ère de bâtiments fastueux et de la maison trophée : grosse, laide, arrogante… Peu d’entre nous réalisent qu’il y a une méthode douce de construire », jugeait-il.
Ce type d’habitation présente en réalité énormément d’atouts : elle permet de limiter au maximum le chauffage – voire de s’en passer – en utilisant les qualités thermiques de la terre, dont la température constante est d’environ 13 °C. Aux beaux jours, le soleil pénètre dans la maison et la chaleur est absorbée vers la terre qui la restitue en hiver. La maison se chauffe ainsi dès l’automne avec l’énergie de l’été. Si les premières maisons enterrées étaient complexes, coûteuses et peu esthétiques, quelques visionnaires ont fait progresser la technique. Ainsi, dans les années 1980, en pleine période de choc pétrolier, John Hait, un physicien américain, a optimisé la température de la maison et sa protection contre l’humidité en développant une jupe isolante faite de bâches en plastique et de plaques en polystyrène. Comme un parapluie, elle empêche l’eau de s’infiltrer dans la terre entourant la maison.
Solidité
Patrick Baronnet, précurseur de la maison écologique et autonome depuis quarante ans, s’avoue séduit, mais s’interroge : « L’idée d’utiliser l’inertie de la terre est prometteuse, mais la mise en oeuvre paraît onéreuse et peu écologique. Cela nécessite des heures de tractopelle, qui consomme 70 litres d’essence par heure ! De plus, pour éviter l’éboulement, il faut une infrastructure très solide. Avec les toitures végétales très à la mode actuellement, quand il pleut, la charge de rétention d’eau est énorme et amène des complications. »
Une crainte que Philippe Delage a balayée : ce patron de PME a lancé son chantier au printemps dernier à Montgivray dans l’Indre. Depuis de longues années, il rêvait d’une maison bulle en voile de béton dans la lignée d’Antti Lovag, l’architecte du Palais Bulles de Pierre Cardin près de Cannes. Au fil des rencontres, il a décidé d’intégrer sa maison au paysage en la recouvrant de terre et d’utiliser la méthode du parapluie. Ce sera une des premières maisons à conjuguer ces techniques en France. Une vraie maison de Hobbit !
Projet franco-californien
Nul doute que Tolkien a également inspiré Antoine Strauss, jeune génie de 23 ans, pour sa future maison : enterrée, tout en rondeur, belle, lumineuse, mais surtout confortable et autonome – un prototype ouvert au public est prévu pour septembre 2013. Antoine a déjà réalisé une première maison « brouillon » comme il l’appelle. Un brouillon plutôt convaincant d’après ses visiteurs : en six mois, il a bâti tout seul une bulle de 35 m2, enroulée dans la terre, ne nécessitant aucun chauffage et isolée de l’humidité, le tout avec 3 000 euros ! Son plan en poche, Antoine sillonne les États-Unis à la rencontre des visionnaires de l’habitat, issus de trois courants qu’il veut réunir : les maisons bulles, les maisons enterrées et les maisons écologiques. « J’ai simplement repéré de brillantes idées de différentes techniques que je réunis, précise-t-il. Le cabinet californien Binishells, qui compte parmi ses adeptes des célébrités, vient d’accepter de me prêter main-forte pour construire mon prototype français. »
Dans la lignée des maisons bulles, les maisons Binishells ont des allures futuristes avec leur dôme en voile de béton. Elles utilisent une technologie écologique innovante qui permet de se passer de grues et de coffrages, grâce à de l’air propulsé. C’est donc cette technique qu’Antoine va coupler à l’habitat enveloppé par la terre. Il y voit plusieurs intérêts : double résistance procurée par le voile de béton et la forme ovale, rapidité de la technologie (deux jours pour créer la structure) et faibles coûts. « On creuse, on fait une dalle, on souffle une coque, puis on protège la maison avec la terre, on intègre la technique du parapluie et on laisse l’herbe pousser. C’est très simple, rapide et trois à cinq fois moins cher qu’une maison classique », résume le jeune entrepreneur. Et d’ajouter : « Il y aura une serre, avec de nombreux usages : production de chaleur, d’oxygène et de nourriture, zone tampon, jardin privatif, traitement de l’eau… Et il n’y aura plus de factures d’électricité grâce à des panneaux photovoltaïques ou en utilisant les calories de la terre ; ni de factures d’eau, grâce à un système de récupération. » Un bien joli conte, que n’aurait pas renié Tolkien. (source)
Pépito.