Les vaches plus polluantes que les voitures?
En tant que française,
je consomme une moyenne de 66 kg de viande par an, ce qui me situe dans la moyenne basse des pays développés dont la consommation environne les 80 kg par ans. Joli score comparé aux 10 maigres kilos consommés en moyenne, par tête, dans les pays les plus démunis. Écolo en quête de sens et de cohérence, alors que rien ne semble pouvoir remplacer ni l’entrecôte ni les ribs dans mon assiette ; je me demande si l’on peut dignement être écolo et carnivore. Au-delà du coté éthique et évident pour certains que la vie doit être respectée, et que 6 millions d’animaux tués par heure dans le monde n’est pas très … moral ; quels sont les impacts de la production agricole animale sur l’environnement ?
Manger et boire sont deux besoins primaires et essentiels à la vie humaine. Dans un monde de monopole et de dépendance alimentaire mondiale où 11% de la population mondiale n’a pas accès à l’eau potable, il semble important de se demander quel est l’impact de l’élevage industriel (intensif) sur notre planète.
En terme d’eau potable, ces industries animales utilisent aujourd’hui presque un tiers des ressources mondiales. Afin de donner un ordre de grandeur, 5% des ressources hydrauliques sont consommées par les habitations privées, l’industrie animale en consomme 55%.
La démographie exponentielle de la race humaine est régulièrement pointée comme cause principale de la pauvreté et des inégalités. On estime pourtant que la planète contient suffisamment de ressources pour nourrir 13 à 15 milliards d’êtres humains (nous sommes aujourd’hui un peu plus de 7 milliards). Néanmoins, 45% de la surface de la terre est utilisée pour la production animale, qui représente plus de 70 milliards d’animaux. Cette part comprend d’une part les pâturages, et d’autre part les productions végétales destinées à nourrir ces chères bêtes. Cette dernière est responsable par exemple, de 91% de la destruction de la forêt amazonienne, parmi tant d’autres. La production d’huile de palme, dénoncée par la plupart des ONG et bannie par certains labels bio, ne représente « que » 26% de la déforestation tropicale, contre 136% pour l’élevage animal.
Le silence des principales ONG environnementales sur le sujet, mis en lumière par le documentaire Cowspiracy me tourmente. Probablement car ce n’est pas le problème principal comparé à la pollution et à l’émission de gaz à effet de serre. Surprise là encore, je découvre grâce à de nombreuses revues scientifiques, que l’émission de CO2 n’est qu’en infime partie responsable du dérèglement climatique. L’émission de gaz à effet de serre de tous transports confondus représente 13% de la production totale de Co2 ; l’élevage animal revu au plus bas, représente 18%. Le méthane, gaz au potentiel « réchauffant » 86 fois plus important, et 25% plus destructeur que le CO2, est produit directement par les vaches à hauteur de 567 millions de litres par jour. Les chiffres sont tout aussi aberrants concernant le protoxyde d’azote, presque 300 fois plus destructeur que le CO2 et émis à 65% par la production animalière.
Pour beaucoup, il paraitrait ahurissant de se passer de viande, poisson et autre. L’homme n’est pas fait pour s’alimenter de graines ! La viande est bonne pour la santé ! Nous n’avons qu’à manger de la viande bio. Faisons donc le point sur ceci.
Principale idée reçue : l’abondance de viande est bonne pour la santé, et constitue la principale source de protéines vitales pour l’organisme humain: FAUX. A vrai dire, une alimentation trop riche en viande est une alimentation trop riche en graisses et trop pauvre en fibres. L’idée est de revenir à une alimentation saine et variée, mais surtout modérée. Ce n’est ni parce que vous mangez de la viande que vous mangez bien, ni parce que vous en mangez peu que vous mangez mal. Néanmoins, les protéines animales demeurent riches en croyances et symbolisent encore aujourd’hui dans les sociétés occidentales force et confort financier. Pourtant, une étude européenne réalisée en 2005 a conclu que les personnes ayant une consommation de viande rouge supérieure à 160 grammes par jour augmentent de plus d’un tiers leurs risques de souffrir d’un cancer de l’intestin par rapport à ceux qui en consomment moins. La consommation de protéines animales favoriserait prise de poids, mais également une augmentation des risques de cancers et de maladies cardio-vasculaires.
Vous me direz surement, ce n’est pas parce que je mange de la viande que je cautionne l’exploitation industrielle des terres et des océans. Qu’en est-il des fermes dites durables ? Ici la question se pose autrement, où trouver les terres qui permettraient à autant d’animaux (afin de combler la demande actuelle) d’être élevés de manière durable et respectueuse ? La réponse n’existe pas sur terre. Une seule vache a besoin d’environ 1 à 2 hectares pour se développer convenablement et sainement. En faisant le calcul, la surface de la planète parait un peu juste compte tenu de la demande actuelle en viande.
En effet, la surface de terre nécessaire pour nourrir un végétalien sur une année est trois fois moins importante que pour un végétarien, et 18 fois moins qu’un carnivore. Le problème reste l’accessibilité et l’éducation. Trop peu de personnes savent comment cultiver et prendre soin de la terre ou même de leur corps. Une éducation plus positive et modérée est essentielle à la préservation de notre planète mais également à celle de notre espèce. La sécurité et la souveraineté alimentaire sont nécessaires au bon développement de nos civilisations, et l’équilibre ne s’obtiendra qu’à travers des efforts aussi collectifs que réfléchis.
Alors oui, j’aime la viande et le poisson, les œufs, et que dire du fromage! Mais c’est précisément parce que j’aimerais continuer de pouvoir en manger que la modération me semble être un effort aussi nécessaire que facile. Cet article ne veut pas vous déprimer, il veut vous informer. Si vous savez prendre des douches plus courtes, alors vous saurez réduire votre carnisme. Si le vendredi est le jour du poisson, faites du jeudi un jour sans. Ne vous flagellez pas, la perfectibilité est un processus qui vous rend tous les jours un peu plus positif. Toute chose parait impossible avant qu’elle ne soit réalisée. Cette pratique est difficile au quotidien? Vous ne le saurez que lorsque vous l’aurez essayée. Commencez comme disait mon grand-pere: “usez, mais n’abusez”!
Ainsi, chaque jour un végétalien économise environ 4 163 litres d’eau, 20 kilos de grains, 9 litres de CO2 et sauve la vie d’un animal. Voici un lien qui réveillera votre créativité culinaire ; alors souriez, vous êtes végé !
Article écrit par Laura Ginisty.
Le savoir ne vaut que si il est partagé !!!
Pépito